Anna JANSSON "Le pacte boréal"
Alors que le froid et la neige de décembre submergent la côte, la petite ville suédoise de Kronköping est soudain plongée dans la terreur. Des inconnus sont pendus ou mutilés selon des méthodes qui rappellent les pires châtiments de la mythologie scandinave. Est-ce l'œuvre d’une secte ? Et pourquoi avoir choisi ces hommes et ces femmes sans histoires ? Ou bien s'agirait-il d'un tueur solitaire adepte des traditions nordiques les plus sanglantes ? La belle Maria Wern fait partie de l'équipe de policiers chargée de mener l'enquête. Sacrifiant ses vacances de Noël, elle doit au plus vite déchiffrer les signes étranges que les tueurs laissent sur les scènes de crime …
Un livre qui fait froid dans le dos ! Et pas seulement ... Dès la première page on est dans l'ambiance : un vieil homme porte un chien ensanglanté dans les bras et conduit deux inspecteurs de police au coeur de la forêt, en plein hiver, vers un grand arbre, sur la branche duquel un homme est pendu avec à ses côtés 8 animaux de compagnie sacrifiés. Ce qu'on ne peut pas reprocher à ce livre c'est qu'il ne démarre pas fort ! L'auteur ne fait pas de détours inutiles et nous plongent tout de suite dans l'effroi et l'angoisse. Déjà là, je dis : j'adore ! Ce crime atroce soulève de nombreuses questions auxquelles vont devoir répondre les enquêteurs de Kronköping. J'ai beaucoup suivre leur enquête, empreinte d'une lueur mystique due aux côté sacrificiel du meurtre du pendu. On se retrouve plongé dans l'histoire de la mythologie nordique et on découvre un univers incroyable peuplé de Dieux, de sacrifices, d'offrandes, de croyances oubliées et qui pourtant refont surface pour se heurter à la modernité de notre monde. Le lecteur doit alors évoluer sur deux plans distincts mais qui finissent par s'entremêler. Il se doit de garder la raison froide de l'homme moderne tout en essayant de comprendre les motivations de ce tueur adepte des traditions nordiques les plus sanglantes. Une opposition qui a tout pour me plaire. Comment penser que l'on peut justifier des actes aussi horribles par la mythologie ? Découvrir un autre mode de pensée, basé sur une toute autre morale que la nôtre m'a fascinée. J'aime beaucoup le fait que l'auteur essaie tout au long du roman de nous plonger dans la psychologie de ses personnages, que ce soit du côté du tueur comme des hommes (et des femmes !) qui le traquent. Plonger ainsi dans l'horreur rajoute encore au côté obsédant du livre. Très vite, la narration nous amène à voir les choses de deux points de vue. Tout d'abord, l'histoire est "racontée" via l'inspecteur Maria Wern, personnage qu'on ne peut qu'apprécier dès le départ, mais je vais y revenir. Ensuite, au milieu de cette narration, s'inscruste des passages où le tueur parle, ils sont rares et brefs, mais ils arrivent à augmenter encore le niveau de peur du lecteur et à vous faire trembler par leur violence. Cette "répartition" de la narration rajoute encore à la complexité du roman, et là encore, j'adore ! De suite, on s'attache au personnage de Maria Wern, une policière qui adore son métier, qui tente tant bien que mal de mener de front sa carrière et sa vie de famille et qui a du mal à concilier le tout en surveillant son mari qui a plus l'air d'un gamin que d'un adulte par moments. Elle paraît tellement humaine face au côté déshumanisant des meurtres commis par le tueur dans le roman, qu'elle ajoute cette pointe de sentiments nécessaires à accrocher le lecteur au livre. Elle est le vecteur de la plupart des émotions dans le récit, elle passe par tous les stades, l'amour, la haine, la peur, la suspicion, le doute, etc., et le lecteur avec elle. Elle prend beaucoup de place dans l'intrigue et en devient vite le coeur au même titre que le tueur qu'elle pourchasse. Mais avec elle, on peut s'identifier, elle rappelle le quotidien. Le fait qu'elle soit sous-estimée dans son travail par quelques collègues nous la rend sympathique, on a de fait qu'une seule envie : qu'elle résolve cette affaire pour leur prouver qu'ils ont tort ! Et puis, au fil des pages, on sent qu'elle glane des indices et des informations essentielles pour mettre la main sur le tueur, on se dit que tout va bien se passer et puis l'histoire prend un tour inattendu avec la révélation de l'identité du tueur. Quel choc ! J'ai adoré être prise par surprise par cette révélation, je ne m'y attendais pas, surtout que l'auteur avait brillamment réussi à me faire partir sur une fausse piste ... Je m'étais totalement éloignée de ces soupçons jusqu'à les oublier pour me laisser emporter par tout autre chose et là, en une seconde, l'auteur m'a ramenée à la réalité et m'a totalement scotchée ! J'aime quand l'auteur ne se contente pas d'une évidence et que la révélation est inattendue, comme ici, elle prend plus de puissance à mon avis et rend la fin du livre encore plus haletante et passionnante. A partir de ce moment-là, impossible de lâcher le livre sans l'avoir fini. D'un seul coup, on sort de la routine de l'enquête qui avance, mais qui n'est pas des plus palpitantes, il faut le reconnaître, pour être embarqué dans un tourbillon d'évènements qui s'enchaînent à une allure incroyable. A la fin, le lecteur est à bout de souffle à force de courir, de réfléchir, l'auteur ne nous lâche plus jusqu'à la fin. C'est haletant, dangereux, flippant, ça vous prend aux tripes ... une perspective réjouissante pour un lecteur de polar ! Une fois que le roman a basculé avec la révélation, on rentre dans l'incompréhension, dans l'horreur pure, et là, la peur s'insinue, autant en les personnages qu'en nous-mêmes lecteurs. J'ai tremblé devant certains passages, j'avais envie d'arracher les pages pour me précipiter dans le récit et agir ! Quelle impuissance j'ai ressenti, et ce sentiment, je l'ai partagé avec les autres personnages du roman ... incapables d'agir face au tueur. L'empathie ressentie pour l'inspecteur Maria Wern, et à travers elle, est à son comble dans les dernières pages du roman. Une fois de plus, toutes les émotions y passent, et j'avoue que j'ai même lâche quelques larmes ... Bien sûr, je ne vous dévoilerais rien de la fin, pour savoir ce qui s'est passé, il faudra lire le livre ! C'est un roman qui démarre très fort, ralentit ensuite quelque peu (sans doute pour endormire le lecteur, fûtée l'auteur !) et termine en apothéose ! Les émotions fortes sont au rendez-vous et l'enquête est bien menée, avec assez de rebondissements, de suspicions et de révélations pour qu'on ne s'ennuie pas un instant à la lecture. Les personnages sont très bien travaillés, on s'y attache facilement, sauf peut-être à la belle-mère de Maria (celle-là, j'ai toujours une furieuse envie de la faire taire ...). C'est un roman très bien écrit, là-dessus, rien à dire. J'ai beaucoup aimé l'insertion du côté mythologique dans le roman, j'ai trouvé qu'il y apportait une touche d'originalité, ce n'est pas souvent qu'on en apprend autant que l'histoire nordique à partir d'un cadavre ! S'il y a un regret avec de roman, et c'est bien le seul, c'est que cette utilisation du mythe nordique repose sur la folie du meurtrier. Je ne saurais dire pourquoi mais ça m'a gâché ma lecture, j'aurais voulu que ce soit un prétexte pas une hallucination ... Mais vous l'aurez compris, pour moi, ça a tout de même été une très bonne lecture et je suis plus que ravie d'avoir pu découvrir cet ouvrage. Décidément, les auteurs nordiques sont vraiment les maîtres du polar !
Nombre de pages : 336
Temps de lecture : 3h15
Prix : 6.60 euros
Un immense merci aux éditions Le Livre de Poche de m'avoir permis de découvrir ce livre en partenariat avec Livraddict !!! J'espère sincèrement que nous aurons à l'avenir l'occasion de renouveler cette expérience ...
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Ce livre a été lu dans le cadre des challenges suivants :
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