Melinda LEIGH "Traquée"
Beth, jeune veuve remariée à un important politicien, découvre un terrible secret sur son nouvel époux. Elle doit alors prendre la fuite avec ses deux
enfants pour échapper à une mort certaine. Lorsqu'elle décroche un job d'intendante dans une propriété isolée de Pennsylvanie, elle pense avoir enfin trouvé la cachette idéale. Hélas, son nouvel
employeur meurt brutalement...
Quand l'inspecteur de police Jack O'Malley hérite de ce ranch, il n'est pas préparé à partager sa nouvelle demeure avec cette femme, manifestement terrifiée
par quelque chose ou par quelqu'un, et encore moins au trouble qu'il ressent à chaque fois qu'il la croise. Tandis que Jack enquête sur le passé de Beth, une habitante des environs est
sauvagement assassinée...



Mon tout premier suspense romantique ! Au risque de passer pour une blonde de première, je ne savais même pas que cette catégorisation littéraire existait … honte sur moi comme dirait Ophélie. Bref. En tout cas, une chose est sûre, maintenant que j’ai lu ce livre, je sens que je vais souvent aller faire un tour du côté de cette collection de MA éditions. Je suis tentée de prolonger l’expérience au-delà de ce bouquin, c’est vous dire que j’ai apprécié ma lecture.
Commençons par le commencement. L’histoire est celle d’une femme, Beth, obligée de fuir son mari, politicien de son état, violent à ses heures perdues, avec ses deux enfants, Ben et Katie. Traquée (le titre est bien choisi pour le coup !), elle se voit contrainte de tout quitter pour trouver refuge dans un ranch perdu au milieu de nulle part, l’endroit idéal pour se terrer un moment et se faire oublier … en principe ! Beth débarque donc et, dès la première page, sent que les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. En effet, un nouvel arrivant s’est invité dans la partie et vient chambouler la donne. Elle ne sera plus « l’aide » d’un vieil homme mais « l’intruse » qui s’impose au nouveau propriétaire des lieux, Jack, un ancien flic qui a dû prendre sa retraite après un accident. J’avoue, ça peut paraître un peu gros que, comme par hasard, une femme qui cache son identité et qui adopte la théorie de l’exposition minimale se retrouve dans les pattes d’un flic au sixième sens aiguisé à peine le récit entamé. Classique me direz-vous, on est d’accord ! Pas crédible … ça se discute ! D’autant que, dès le premier échange entre les deux, on sent bien où tout ça va nous mener … n’oublions pas le « romantique » après le « suspense » en haut à droite de la couverture. C’est clair comme de l’eau de roche, rien de neuf sous le soleil. Maintenant, je dirais que ce n’est pas ce qui importe le plus ici. Après tout, on peut se dire que tout a déjà été écrit et que, forcément, les auteurs utilisent tous plus ou moins les mêmes ficelles pour arriver à leurs fins. Pas vraiment leur faute. Il ne faut pas, je pense, s’arrêter à cette impression et passer au-delà pour réellement apprécier le texte. Pourquoi ? Parce que même si l’intrigue peut sembler user de facilités un peu trop répandues, le récit est prenant ! On accroche dès les premières lignes et ça, ça me suffit pour me donner envie de lire jusqu’au bout un livre. Si le livre vous emporte, c’est parce que l’auteur sait nous appâter bien comme il faut. En effet, on sait que Beth fuit, mais c’est le pourquoi, le fameux « secret », qui est la cause de cette fuite en avant qui nous tient en haleine, l’auteur s’acharnant à ne pas vouloir nous le révéler avant la fin (j’ai sorti le fouet à un moment donné mais je crois que ça n’a pas marché *lol*). Ce secret, qu’on suppose lourd, dangereux, intrigue le lecteur, le pousse à se poser des questions, à mettre sur pieds des hypothèses … plus ou moins farfelues. Quand il tombe : deux options. Soit, vous êtes déçu(e), c’est vrai que c’est une possibilité, je ne peux pas le nier, le secret peut paraître un peu trop « faible » pour justifier tout ça, soit, comme moi, vous avez regardé tous les épisodes de New York Police Judiciaire et autres dérivés et vous savez que c’est une bombe et que, même si ce n’est pas super excitant ou exceptionnel, ça justifie tout ce qui a été entrepris jusqu’ici pour débusquer Beth de sa cachette. Voilà, je ne vous en dit pas plus à part que, même si je n’ai pas été emballée par la révélation, elle est logique et c’est celle que j’avais en tête, donc, pas de surprise.
La surprise, elle vient d’ici, mais surtout d’ailleurs (enfant de la pub, sort de ce corps !). Je disais, ce qui surprend, qui nous attire dans ce livre, c’est son ambiance. On est pris dans ses filets dès les premières lignes parce qu’il nous emporte dans un récit glauque, claustrophobe à souhait, empli de mensonges, de secrets et de noirceur. Des éléments types du thriller que j’apprécie beaucoup ! La peur, l’angoisse, la frustration, tout ça est très bien rendu par les mots qui défilent sous nos yeux, on sent toute la détresse de Beth, les traumas de ses enfants, les regrets de Jack et tout ce qui s’ensuit. Une mère qui souffre, qui se bat, qui est prête à mourir pour sauver ses gosses, c’est glauque à dire, mais c’est vendeur. Les émotions fortes étant au cœur de l’histoire, c’est plus facile pour le lecteur de se l’approprier et de s’y glisser. En plus de ça, un principe qui m’a plu, c’est qu’en parallèle de l’histoire de Beth, qui se raconte par alternance avec d’autres personnages, on ajoute un élément extérieur (mais pas totalement) au récit, un tueur en série. Petite percée dans l’esprit tordu d’un meurtrier bien atteint. Bon, ça, c’est franchement flippant, j’ai adoré ! Il m’en a manqué plus, je pense. Il y avait là beaucoup de potentiel, mais on ne nous offre que des bribes, des miettes, l’histoire de ce serial killer devient du coup moins … puissante, je dirais. Il aurait fallu qu’elle nous suive avec plus de présence, d’intensité, tout au long du texte pour que vraiment on puisse en comprendre toute l’utilité. Ici, même chose, on tente de nous faire patauger dans le flou en tenant l’identité du tueur secrète mais, comme LE « secret », ce n’est pas fantastique niveau révélation surtout que, là encore, je l’avais vu venir à 100 lieues à la ronde. Pas de surprise ! Mais bon, ça ne change rien au fait que j’ai aimé l’ambiance établie en toile de fond du roman, toujours sur nos gardes, le moindre bruit, geste, qui nous fait sursauter, la paranoïa qui s’installe, c’est forcément addictif et on se demande comment Beth va pouvoir s’en sortir. Fuir à nouveau ou faire face ? Au final, c’est plus un thriller psychologique que bourré d’actions, c’est clair, on y joue beaucoup sur le mental. Traverser le temps d’une lecture les pensées de tous ces personnages peut être casse-gueule, n’ayons pas peur des mots, tous ces sauts d’un personnage à un autre, ça peut vous perdre un lecteur, même attentif, en cours de route. Personnellement, j’ai trouvé que ça enrichissait le texte, sa complexité permettant d’accroître sa profondeur, succincte au premier abord. Toutes ces histoires parallèles qui se croisent, s’entremêlent, pour n’en former qu’une à la fin, c’est un concept auquel j’adhère totalement ! D’autant que c’est fait de manière cohérente et que l’ensemble ne fait qu’augmenter encore un peu plus la tension qui porte le texte. Malgré la pesanteur ambiante, l’auteur arrive aussi à nous offrir quelques soupapes de relâchement qui font qu’on ne suffoque pas non plus sous le poids du côté thriller du texte. Un peu de lumière dans ce monde tout noir n’était pas de refus je dois dire, sans ça, je ne sais pas si je serais allée jusqu’au bout de ma lecture. S’il n’y a pas de lueur au bout du tunnel, j’ai du mal à me laisser emporter …
Mais, je ne vous raconterais pas la fin, non, non, non, je vais plutôt vous parler du côté « romantique » qui fait contrepoids au « suspense » mis en place ici. Alors là, gros comme le nez au milieu de la figure et typique je dirais ! Heureusement, il y a quand même un petit fond cicatriciel qui fait qu’on accroche à l’idée. Beth et Jack, Jack et Beth. Non, je ne spoile pas, dès la première rencontre, c’est plié. Le suspens réside dans le « comment va-t-il réussir à se rapprocher d’elle ? ». Beth est une femme blessée, torturée, qui en a vu beaucoup, on se doute que les hommes lui ont fait du mal, pas évident de retomber amoureuse … Quant à Jack, il a le syndrome du chevalier en armure, du protecteur, lui aussi, a ses blessures. Deux âmes meurtries qui tentent chacune de leur côté de se reconstruire mais qui n’y arriveront vraiment qu’ensemble … c’est meugnon tout plein, pas vrai ? Cliché, mais ça fonctionne toujours aussi bien ! Ces deux personnages sont attachants, on a envie de voir leur douleur disparaître et le bonheur leur apparaître, ce n’est pas gagné cela dit mais on sent que, tous les deux, ils le méritent. Du coup, facile de s’identifier à eux et de suivre leur évolution avec intérêt. Le petit bémol que j’ai a soulevé à ce propos, c’est le côté quasi obsessionnel de la redondance du « string » de Beth dans les pensées de Jack. Ok, on a bien compris qu’elle l’attirait mais d’où sort cette attitude monomaniaque ? Ça laisse penser qu’il laisse son côté hormonal prendre le dessus sur l’affectif, pas bon dans ce genre d’histoire. C’est dommage, quelque part, ça a entaché la vision que j’avais du personnage, me le rendant moins sympathique alors qu’il a tout pour faire fondre mon petit cœur de midinette. Vous me direz, elle, femme battue, a aussi craqué au premier regard et n’hésite pas à nous rappeler à quel point le corps de Jack est appétissant … Quelques petits accrocs sous le soleil qui peuvent ternir la vision du petit couple qu’ils forment et sembler friser l’incohérence mais dont on arrive à faire abstraction parce qu’il y a plus. Notamment, j’ai bien aimé le fait que les enfants de Beth n’étaient pas oublié et qu’ils prenaient une grande place dans le texte. Ils sont touchants et apportent une petite touche plus intime, plus personnelle, au texte je trouve. L’affectif tient une grande place dans le récit, tout est fait par haine ou par amour, ces deux sentiments extrêmement forts méritaient un traitement à la hauteur et, même s’il est un peu « mièvre » par moments, on se laisse porter par le flux des émotions qui sous-tendent tout le livre, on passe par tous les stades, inquiétude, bonheur, horreur, joie, rien n’est épargné au lecteur qui traverse ces sombres épreuves avec des personnages à la fois courageux et sensibles.
Ce qui vous embarque aussi, c’est le style de l’auteur. Même si on peut relever ici et là quelques petites imperfections, le tout se lit vite et bien. Le style est fluide, il n’y a pas vraiment de moments trop « calmes » qui pourraient ralentir son allure ou ennuyer le lecteur, on avance rapidement dans l’action. Ça coule tout seul et ça, c’est appréciable ! Pas de temps d’arrêt, de descriptions ou de questionnements excessifs, tout est mesuré et la portée n’en est que meilleure. Les rebondissements et les révélations sont à l’honneur ici. J’ai aimé la distillation des infos, des indices, tout au long du livre, ça fait travailler l’imagination du lecteur, tout n’est pas dit dès la départ, on doit faire l’effort, aller trouver le coupable. Et malgré le fait que ce soit un peu « too much » par moments, ça reste une lecture agréable. Une fois commencé, je n’ai pas lâché le roman qui m’a valu une nuit quasi blanche mais, franchement, entre ses pages, je n’ai pas vu le temps passer ! J’étais dedans, j’avais envie de savoir, j’étais avide de tourner la page d’après pour arriver à la fin et tout voir s’éclairer. Le suspense y est pour beaucoup, il nous maintient dans l’expectative, dans l’attente du scoop, du prochain retournement de situation. On peut s’attendre à tout avec ce roman. Un nouveau personnage, est-ce un ami ou un ennemi ? Un accident … qui était visé ? On tourne en boucle sur un mode effrayé/parano, c’est très bien rendu. Le rythme est bon, les mots choisis sont simples, mais pas aussi simplistes qu’on pourrait le penser, les personnages intrigants, le récit haletant, que demander de plus ? Peut-être plus de développements à certains moments et moins à d’autres, moins d’expédients « faciles », je ne sais pas. C’est un très bon roman que nous propose ici l’auteur, l’histoire, même si elle est basique, nous entraîne et nous intrigue. Moi, c’est tout ce que je demande à un livre, qu’il me donne envie de connaître la suite. Il est évident que ce n’est pas « le roman de l’année », cela dit, c’est un livre que je recommanderai pour qui veut mélanger les genres et s’octroyer une lecture « sans prise de tête ». J’ai aimé ce ranch, petit enclos de paradis perdu au milieu de la tempête qui fait rage dans le cœur de ses habitants. J’ai aimé les personnages, qui tentent de se raccrocher comme ils peuvent à la vie. J’ai aimé le côté polar, méfiance et jeux de pouvoirs. Mais surtout, j’ai aimé le côté « familial » du texte et les notions qui le secondaient : amour, confiance, loyauté, etc. Au final, c’est ça, ce réalisme-là, qui m’a convaincue d’oublier les petits détails qui ne collaient pas …
En conclusion, une jolie découverte qui me donne envie de retenter le « suspense romantique » à l’avenir. Une belle couverture (j’ai totalement craqué dessus quand je l’ai vue !), une accroche accrocheuse (^^) et un résumé qui vous donne envie de vous plonger dans ces pages, laissez-vous tenter !
Nombre de pages : 360
Temps de lecture : 5h00
Prix : 17.90 €