Ryû MURAKAMI "Love & Pop"
Love & Pop aborde une forme de prostitution propre au Japon, dont Murakami avait déjà fait le sujet troublant de son film Tokyo Decadence. Par l'intermédiaire de messageries téléphoniques, de jeunes lycéennes acceptent des rendez-vous avec des inconnus pour pouvoir s'acheter des produits de marque. Le roman raconte la journée d'une jeune fille qui, désirant absolument s'offrir une topaze impériale, accepte coup sur coup deux rendez-vous avec des hommes. Mais les rencontres ne vont pas se passer comme elle l'avait prévu. La littérature n'a que faire des questions de moralité, dit Murakami Ryû, qui a construit son roman à la manière d'une oeuvre d'Andy Warhol, en fondant dans la narration des bribes de conversations, d'émissions de radio ou de télévision, des litanies de marques, de titres de films ou des paroles de chansons à la mode. Comme un bruit de fond faisant soudain irruption au premier plan pour saturer le sens de ces rencontres qui ouvrent sur tous les possibles de l'humain. Tandis qu'une violence latente se fait de plus en plus pressante et précise.
Alors, pour mettre les choses au claires, je suis fan cet écrivain qui pour moi est un incontournable de la littérature japonaise contemporaine. J'ai craqué sur la couverture de ce roman au salon du livre de Paris en mars dernier, j'ai attendu de longs mois pour le lire car je me suis dit que comme d'habitude, j'allais adoré. Quelle déception ! C'est le livre le moins "travaillé" de Murakami. Il doit y avoir à peine 1/3 du roman en termes d'écriture, tout le reste n'est que listes, litanies, extraits d'émission, qui se mêlent aux paroles des personnages principaux et brouille la lecture. La suite de messages d'hommes et de jeunes filles souhaitant demander et/ou accepter des rendez-vous arrangés vous amène au bord de l'écoeurement. Toutes ces suites de mots sont très troublantes et mettent le lecteur mal à l'aise. Je pense que c'est là le but de l'auteur, après tout, le sujet en lui-même est dur et sans concession. L'histoire de cette lycéenne qui accepte des rendez-vous arrangés pour s'acheter une bague et qui ne se sent pas coupable, qui même après avoir été violentée par un client, ne se dit pas qu'elle fait quelque chose de mal, je ne sais pas, j'ai trouvé le sujet de base intéressant mais la mise en oeuvre limite. On a l'impression qu'Hiromi, l'héroïne du roman, n'a rien dans le crâne, qu'elle est superficielle et qu'elle cherche avant tout la facilité. C'est la civilisation du tout tout de suite. La morale de l'histoire : nous décrire tous les possibles de l'humain, c'est vrai, là-dessus la quatrième de couverture ne ment pas. On voit jusqu'où peut aller l'homme (et ici la femme) pour obtenir ce qu'il (ou elle) désire. Quelle tristesse ! Si vous voulez découvrir l'oeuvre de Murakami, telle que je l'apprécie et qu'elle mérite d'être découverte, je vous recommande les titres suivants :
Nombre de pages : 223
Temps de lecture : 2 heures environ
Prix (édition de poche) : 7 euros