Juan Diaz CANALES "Blacksad, tome 1"
"Il y a des matins où l'on a du mal à digérer son petit-déjeuner. Surtout si on se retrouve devant le cadavre d'un ancien amour." Dès la première case, le ton est donné. Nous sommes dans un polar. Avec les ingrédients habituels : un meurtre, une grande ville américaine rongée de l'intérieur, une belle poupée salement amochée. Jusqu'au détective privé - un chat baptisé Blacksad - qui contemple, désabusé, l'agitation de la grande ville en soulevant légèrement le store. Bref, du classique, se dit-on. C'est à moitié vrai. L'intrigue reste en effet dans la grande tradition du film noir. Mais le graphisme, lui, nous cueille comme un méchant uppercut au détour d'une ruelle sombre. Juanjo Guarnido, dessinateur espagnol, signe ici sa première BD. C'est un coup de maître. Il possède un étonnant sens du cadrage et du mouvement. C'est bien simple, on se croirait au cinéma. Pas étonnant : il est animateur aux studios Disney, en banlieue parisienne... Un premier album en forme de révélation. La suite, vite...
L'ambiance polar d'époque est très réussie dans cet album. Tout est sombre, comme le héros, on a l'impression d'être au coeur de l'enquête près de Blacksad tout au long de l'album. Les émotions sont fortes, les dessins sont très beaux, le trait est impressionnant de vérité, c'est stylistiquement très travaillé. Cependant, j'ai trouvé que l'on tombait rapidement dans les clichés, le héros bienveillant qui finalement bascule du côté du mal, le gros méchant qui est, comme par hasard, l'homme le plus et le plus puissant de la ville, les hommes de main qui finissent par se repentir avant de mourir ... Bref, rien ne nous est épargné dans le déjà-vu. Quel dommage ! En fait, je n'ai pas eu l'impression de lire quelque chose de nouveau, de différent, on s'enfonce dans le polar classique. Pourtant, quelques situations m'ont fait sourire, notamment la discussion de Blacksad avec la souris ou avec le fleuriste. Mais sortie de là, j'ai eu l'impression de revoir un Columbo de l'époque, et ça m'a gavée quand même un peu. Mais bon, malgré tout, l'histoire est bien tournée, comme je l'ai dit, on est emporté par les dessins et on suit tout ça très facilement. Les polars noirs sont à l'honneur !
Nombre de pages : 48
Temps de lecture : 30 minutes
Prix : 13.95 euros