Amélie NOTHOMB "Le mystère par excellence"
Manuel, le meilleur ami de Jacques est tombé fou amoureux d'Hélène. Jacques brûle de la rencontrer. Elle doit être tellement belle, tellement brillante cette jeune fille qui a su séduire le plus courtisé des avocats bruxellois! Mais Hélène n'est ni jolie, ni intelligente et elle n'aime même pas Manuel qui l'adore. Pour Jacques, c'est le mystère par excellence.
Quand je vois un roman estampillé Amélie Nothomb, je ne marche pas, je cours ! Alors, quand je suis tombée par hasard sur cette nouvelle j'ai fait de même !
Aussitôt acquise, aussitôt lue ! Et, qu'en dire ? Pour une fois, les mots me manquent ... mystère et boule de gomme.
En fait, ce qui me chagrine avec ce texte, c'es que je me demande si le fait qu'il soit si ... insipide est voulu ou non. Si c'est une intention de l'auteur,
alors, contrat rempli ! Je me suis ennuyée tout au long de ma lecture que j'ai trouvée fade et totalement dénuée d'émotions, presque clinique. Des faits bruts, sans nuances, sans intensité, juste
un morceau de vie, banal, inintéressant. Comment dire ? Le mystère n'en est pas un, il réside dans la quête d'une vérité qui semble totalement absurde, celle d'un homme qui cherche à comprendre
en quoi la femme qui a séduit son meilleur ami est si exceptionnelle que cela alors qu'il la considère passablement irritante et dénuée de charme ou d'atouts quelconques. Elle est juste terne,
insignifiante, alors comment a-t-elle réussi à envoûter son meilleur ami ? Si le style d'écriture d'Amélie Nothomb dans cette nouvelle tend à coller à ce personnage sans personnalité, creux et
insipide, alors, encore une fois, on peut prendre la mesure de tout son talent. Si, au contraire, elle ne cherchait pas cet effet-là ... je m'inquiète ! Heureusement que cette nouvelle est courte
parce qu'elle est d'un ennui mortel ! Il ne se passe rien, rien, rien. Les actions sont molles, prévisibles, les réactions des personnages aussi, c'est sans surprise, on a le sentiment de
regarder s'étirer lentement les aiguilles de l'horloge au-dessus de notre tête tout au long de la lecture, un calvaire insoutenable. Et je me suis demander si ça venait vraiment de l'écriture ou
du sujet. Pourtant, je sujet en lui-même peut être intéressant, vraiment. Il y a matière à réfléchir, sur les jugements trop hâtifs, sur les apparences, la mesquinerie, la tromperie, oui, c'est
avant tout une critique sociétale et psychologique indéniable cette nouvelle, ça saute aux yeux et les leçons sont nombreuses. Certes, je peux accorder cela au crédit de l'auteur. Mais où
veut-elle réellement en venir ? Avec une fin pareille, on se demande. Je ne sais pas comment l'expliquer, j'ai été déçue par ma lecture et, en ayant refermé le livre, je me pose toujours la
question de savoir où voulait en venir l'auteur, peut-être nulle part ... En fait, je me demande si cette nouvelle n'est pas une nouvelle version de la notion d'absurde dans sa définition de
genre. A méditer !
Quant aux personnages ... pfff. Pas un auquel se raccrocher, s'attacher un minimum, ils sont ... mous. Même leurs échanges n'étaient pas à la hauteur, ici
rien de ces discussions caustiques et croustillantes dont a l'habitude Amélie Nothomb. Bon, on peut peut-être accordé que les piques sarcastiques de Jacques à l'égard d'Hélène sont souvent bien
trouvées et peuvent faire sourire, mais, franchement, si peu ? Alors qu'il y a tant de possibilité pour rendre l'ironie encore plus présente dans le texte. Je ne sais pas, c'est comme si ce récit
manquait de tout ce qui me fait aimer le style de l'auteur, du punch, des dialogues recherchés et intrigants, une intrigue qui a un fond à la fois philosophique et critique, j'ai eu l'impression
d'une coquille vide. On a la trame mais pas la forme. Ces personnages m'ont rebutée, je les ai trouvé pathétiques, tous autant qu'ils sont et ils tombent quand même bien bas dans la niaiserie,
l'ineptie, ça m'a fait mal à lire. Alors oui, on sent bien le rôle de chacun, sa place dans l'histoire, limite, j'ai compris vers quoi ils tendaient, mais ils sont si superficiels que je n'ai pas
pu m'impliquer dans cette histoire avec eux. J'ai eu le sentiment de perdre mon temps. Oui, c'est à la fois drôle et ridicule de voir Hélène confronter à son ex par exemple, ça la rend encore
plus "stupide" à nos yeux, oui, ça m'a paru totalement ahurissant et imbécile la façon dont Manuel réagit à la fin du roman quand Jacques se confie sur son voyage, n'importe quoi ! J'ai eu le
sentiment de vraiment toucher le fond de l'absurde et que l'auteur creusait encore une fois arrivée là. Des personnages creux, aux vies frivoles et aux histoires vides, hum, alors, quel est
l'intérêt de cette nouvelle ? Je le cherche encore. Je suis déçue au possible de la plume, ici, pas d'émotions, pas de sentiments, même s'ils sont décrits, ils ne touchent pas, on reste en
retrait tout du long, en observateur non intégré, il y a une sorte de distanciation qui se met en place dès les premières lignes, du coup, comment apprécier ce texte ? En fait, étant donné que le
narrateur m'a agacée dès le début ça a été dur pour moi de le suivre dans les méandres de ses réflexions, au schéma étrange par moments d'ailleurs, et de ses actions, incompréhensibles parfois.
C'est sûr qu'on est loin de la perfection avec cet ouvrage à moins qu'il ne soit destiné, comme je le disais plus haut, à faire l'éloge de l'absurde, là, c'est tout à fait ça ! Il m'a manqué
l'étincelle, le feu de la passion, du mystère, les dialogues alambiqués, plus de profondeur, moins d'apparences ... C'est un peu trop transparent pour que j'adhère.
Pour conclure, voilà une nouvelle qui m'a déçue, vraiment, qui m'a ennuyée, alors que le concept en lui-même a du potentiel. Le fond, certes, mais pas la
forme. Et quand l'un va s'en l'autre, mieux vaut se tourner vers une autre lecture. Un récit qui aurait pu être beaucoup plus que ce que l'auteur nous en présente, dommage ...
Nombre de pages : 39
Temps de lecture : 15 minutes