René BARJAVEL "L'enchanteur"
Qui ne connaît Merlin ? Il se joue du temps qui passe, reste jeune et beau, vif et moqueur, tendre, pour tout dire Enchanteur. Et Viviane, la seule femme qui ne l'ait pas jugé inaccessible, et l'aime ? Galaad, dit Lancelot du Lac ? Guenièvre, son amour mais sa reine, la femme du roi Arthur ? Elween, sa mère, qui le conduit au Graal voilé ? Perceval et Bénie ? Les chevaliers de la Table Ronde ? Personne comme Barjavel, qui fait le récit de leurs amours, des exploits chevaleresques et des quêtes impossibles, à la frontière du rêve, de la légende et de l'Histoire. Dans une Bretagne mythique, il y a plus de mille ans, vivait un Enchanteur. Quand il quitta le royaume des hommes, il laissa un regret qui n'a jamais guéri. Le voici revenu.


Moi qui suis une mordue de littérature médiévale, j'apprécie beaucoup tout ce qui tourne autour de la légende arthurienne, c'est pourquoi ce livre m'a attiré en premier lieu. Je dois dire après lecture, que j'ai été quelque peu déçue par celui-ci. Peut-être ai-je trop regarder le "Kaamelott" d'Alexandre Astier ? Allez savoir ! J'ai sans doute été influencée par l'intégralité des oeuvres de Chrétien de Troyes que j'ai lu à la fac ... je ne sais pas ! Il m'a manqué beaucoup de choses lors de ma lecture pour que je sois vraiment emportée par celle-ci. Tout d'abord, je dois dire que j'ai commencé ce livre en me disant que j'allais forcément apprécier, vu le thème choisi. Ce fut ma première erreur. Même si le thème est intéressant, à savoir l'histoire de Merlin et de la quête du Graal, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de différences avec les éléments de la légende arthurienne que j'avais en mémoire, notamment sur les différences d'âge ... Il y avait aussi quelques anachronismes dans le texte, pour ne citer qu'elles, je pense aux boîtes de conserve de Bénigne. J'avoue que ces manipulations scénaristiques m'ont quelque peu perturbée. Bon après, on s'y fait et la lecture repart. J'ai remarqué aussi que l'auteur tentait par moments d'inclure quelques notes d'humour, sans doute pour faire descendre un peu la pression du texte, qui relate quand même pas mal d'évènements malheureux ... là aussi, la sauce n'a pas pris avec moi. Je vois bien les notes d'humour, les touches d'ironie, mais je les ai trouvé hors cadre, je ne sais pas comment le dire autrement. Quant aux personnages eux-mêmes, je n'en ai aimé qu'un : Perceval ! Et il devient fou ! Quel gâchis ... Pour Merlin, je l'ai trouvé trop "parfait", même si on voit bien qu'il a des défauts, après tout son craquage sur Viviane en est la preuve. Mais il résiste et ne tombe pas dans le pêché. Ça aurait pourtant été bien plus intéressant à mon avis ! Ce côté "nous devons tous être purs" m'a un peu agacé, cette image trop lisse qu'il renvoie me l'a rendu totalement antipathique, même si on sent qu'il reste un homme, je n'ai pas accroché. Pour Viviane, pareil. Amante patiente, mère modèle, trop beau pour être vrai. Tout cet univers créé autour de ces deux personnages "magiques" ne m'a pas plu, à vrai dire, j'ai plutôt déchanté en les découvrant dépeints ainsi. Leur seul attrait c'est qu'ils utilisent la magie, et même là, je n'ai rien trouvé d'extraordinaire là-dedans. A part Merlin qui crée un royaume sous l'eau du Lac pour Viviane, des châteaux qui apparaissent par magie, un arbre qui se plante où il veut quand il veut, je ne sais pas, j'ai trouvé tout ça assez banal. Quant au couple royal, on aura vu mieux ! Le roi est sans intérêt, le seul de la reine est qu'elle va commettre une faute (bon, à vrai dire plusieurs ...) avec Lancelot. Les chevaliers de la Table Ronde, à part peut-être Gauvain qui revient régulièrement, sont des figurants inutiles. Ils sont censés être 150 en tout, l'auteur n'en parle que pendant quelques courtes lignes ! Je comprends qu'il ait voulu se concentrer sur les personnages centraux de la quête, Merlin, Viviane, Lancelot, Galaad, Arthur et Guenièvre. Mais, aucun de ces six personnages n'a su me toucher. Du coup, je me suis ennuyée quasiment tout au long de ma lecture. Pourtant le style de l'auteur est intéressant. Il écrit bien, ses tournures de phrases peuvent paraître assez poétiques par moments et donne au roman le ton d'un rêve, d'une illusion. On a l'impression de flotter quelque part au-dessus des hommes quand on lit ses lignes avec attention. De ce côté-là, rien à dire. Pourtant, à certains moments, lors de descriptions notamment, j'ai totalement décroché, je n'ai pas adhéré au style, que j'ai trouvé un peu contradictoire par rapport au reste ... je ne sais comment le dire autrement. Le thème central de ce livre, reste quand même l'amour. Barjavel l'évoque tout au long du texte et ne s'en prive pas. Il a une approche assez particulière de cette notion d'ailleurs. Tantôt j'ai beaucoup aimé comment il décrivait cette folie qu'est l'amour, la passion qui peuvent unir deux êtres, notamment Lancelot et Guenièvre, tantôt je n'ai pas apprécié du tout le regard qu'il posait sur deux amants. On a l'impression qu'il met l'amour que un piédestal et qu'ensuite il le déprécie d'une manière ou d'une autre. Ça reste assez confus pour moi ... Je ressors avec un avis très mitigé de ma lecture. D'un côté, j'ai aimé découvrir une nouvelle version de la légende arthurienne, un autre style d'écriture (je n'avais encore jamais lu de Barjavel), d'un autre côté, j'ai été déçue de ne pouvoir m'attacher à aucun personnage durable ... Je n'ai pas été enchantée, je n'ai pas succombé à la magie, je reste sur ma faim ! 471 pages quand même, je m'attendais à être surprise, je ne l'ai pas été. Finalement, on nous décrit plus le coeur des hommes que la quête du Graal. L'auteur a axé son écriture sur les sentiments plus que sur l'action. Et quelque part, c'est dommage, car je n'ai pas été émue par ce livre ... alors que je pense que le but était là ! La quête du Graal qui est censée porter tout le texte, apparaît régulièrement dans le récit, mais j'ai trouvé que ça restait un peu "sobre". Il n'y pas vraiment d'action, par contre les personnages réfléchissent beaucoup ! Un peu trop d'ailleurs ... Tout se concentre sur l'esprit en fin de compte. Il n'y a pas d'aventures à proprement parler ! Les rares combats que distillent le texte sont ceux des joutes ... les seuls autres combats auxquels nous assistons sont ceux des personnages qui luttent contre eux-mêmes ... Peut-être qu'il faut voir ce livre comme un roman initiatique, philosophique, qui conduit le lecteur sur la voie de la sagesse, de l'amour et de la pureté de coeur. Je ne sais pas ce qu'avait en tête l'auteur en écrivant son roman, mais j'aurais voulu qu'il y mette plus d'actions, de danger. C'est lent tout ça, ça dure des années et le même schéma se répète sans cesse ... Ça manque d'énergie je trouve et ça englue le lecteur dans une sorte de léthargie cotonneuse. Ce livre n'a pas été pour moi un rêve enchanteur, et pour une première découverte de l'auteur, je suis assez déçue vous l'aurez compris. Après, je comprends qu'on puisse apprécier ce genre de roman mais pour ma part, ça ne m'incite pas à relire du Barjavel ... Faute d'enchanteur, j'ai bien cru avoir à faire à Dieu, ça m'a quand même un peu gênée ... je voulais avoir à faire à un homme, pas à une icône ! Quand c'est trop lisse, il faut que ça se fissure pour devenir intéressant. Or ici, tout est resté en place. S'il n'y a pas rien égratigné, ça n'a pas grand intérêt. J'aurai pu apprécié Lancelot dans ce cas précis, mais j'ai trouvé qu'il surjouait son rôle, qu'il en faisait beaucoup trop ! Ah, si seulement ... mais bon, on ne refait pas un livre, pas vrai ? Donc, pour conclure, ça n'est pas un mauvais roman, puisque je l'ai lu jusqu'au bout et que certaines chose sont intéressantes, mais ça n'est pas non plus un livre que je conseillerai sans réserve, je ne lui ai pas trouvé de "charme" particulier. Donc, il vous revient de vous en faire votre propre idée !
Nombre de pages : 471
Temps de lecture : 5h30
Prix : 8.10 euros
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