Milena AGUS "La comtesse de Ricotta"
La splendeur ancienne n'est plus, le palazzo familial se délabre, la plupart des appartements ont été venuds et les trois soeurs se partagent ceux qui restent. Seule l'aînée, Noemi, rêve de reconquérir le faste perdu et de restaurer la demeure sur les hauteurs de Cagliari. Les deux autres s'accommodent de la déchéance. Le sujet sur lequel en revanche toutes les trois s'accordent est l'amour imparfait. Toujours imparfait. Pour Maddalena, qui s'adonne avec persévérance à une sexualité fiévreuse, le désir d'enfant n'est pas satisfait. Pour Noemi, l'objet de l'amour est fuyant et dédaigneux. Quant à la plus jeune, la fragile comtesse de Ricotta, on dirait que la vie entière lui échappe. Comme les objets de ses mains maladroites. Comme l'étrange petit garçon qu'elle élève seule. Mais peut-être que l'espoir se cache tout près, juste de l'autre côté du mur ...


Que dire ? J'ai bien aimé le concept des trois soeurs, de leurs histoires parallèles qui fatalement s'entremêlent, de leurs destins contrariés, de leurs amours imparfaits. C'est un roman triste, qui vous apporte des lueurs de bonheur, de joie, mais qui vite vous les reprends. La fin m'a déprimée. J'avoue cependant m'être attachée au personnage de la comtesse de Ricotta, la farfelue qui finalement me paraît être la plus "normale", la plus terre à terre de toutes. Elle a certes une sorte de grain mais elle est attachante par ses maladresses, j'ai l'impression que des trois soeurs, c'est celle qui mérite le plus d'être heureuse, allez savoir pourquoi ! L'écriture est belle, tout en douceur, mais elle a tendance à passer d'une soeur à l'autre sans intermédiaires, ça perturbe par moments ... Certains aspects du livre m'ont paru obsessionnels comme les collections de porcelaine ancienne, le jardin, la rénovation de la maison, le côté immuable de l'appartement de Noemi, on a l'impression que l'auteur nous oppresse par tous ces détails qui n'en sont pas finalement et qui sont part entière du récit. Oui, c'est ça, je me suis sentie oppressée pendant la lecture, par l'absurde, par le malheur, par la beauté des choses, leur futilité, leur côté éphémère, par le fait de s'accrocher à des temps perdus ... Je ne me suis pas sentie bien pendant ma lecture, je ne me suis pas sentie légère, c'est une lecture difficile malgré tout, malgré le fait que l'histoire soit courte, l'auteur y condense beaucoup de douleurs, de doutes, de déboires ... On a besoin d'une bouffée d'oxygène, le dernier paragraphe nous l'apporte en quelque sorte, mais ça n'est pas suffisant à mon avis. Je n'aime pas les fins qui me laisse sur ma faim. A vous de voir !
Nombre de pages : 120
Temps de lecture : 1h15
Prix : 13.30 euros