Laurell K. HAMILTON "Anita Blake, tome 1"
Mon nom est Blake, Anita Blake. Les vampires, eux, m'appellent "l'Exécutrice" et par égard pour les oreilles les plus chastes, je ne vous dirai pas comment, moi, je les appelle. Ma spécialité, au départ, c'était plutôt les zombies. Je relève les morts à la nuit tombée pour une petite PME. Ce n'est pas toujours très exaltant et mon patron m'exploite honteusement, mais quand on a un vrai don, ce serait idiot de ne pas s'en servir. Tuer des vampires, c'est autre chose, une vieille passion liée à des souvenirs d'enfance. Depuis qu'ils sont officiellement reconnus et ont pignon sur rue, ils se croient tout permis. Certes, il yen a de charmants, voire très sexy, mais il y en a aussi qui abusent. Ceux-là je les élimine. Rien de tel pour garder la forme : ça vous fouette le sang !
Déçue ! Je pense que c'est le mot qui convient le mieux. On m'a vendu ce livre comme un incontournable de la bit-lit, un standard, un truc énorme ... Je m'attendais à être subjuguée par ce roman, captivée par son histoire et par ses personnages ... rien de tout ça n'a eu lieu. Mais je me dis que c'est peut-être l'effet "tome 1" qui entre en jeu et que ça s'améliore par la suite ... espérons-le !
Au début, je me suis dit que ça partait bien. Une réanimatrice qui relève les morts devenus zombies de leurs tombes et qui est accessoirement chasseuse de vampires à ses heures perdues, voilà qui annonce un récit décapant et bourré d'actions ! Pour l'un comme pour l'autre, on repassera ... bien sûr il y a des scènes "d'action", mais elles m'ont parues bien pâlottes. Je me suis ennuyée à la lecture ayant l'impression de tourner en rond dans un récit beaucoup trop calme à mon goût avec des rebondissements et des retournements de situation qui m'ont paru trop "surjoués" pour être crédibles. Mais bon, j'aurais pu concevoir, comme ce fut le cas avec "Mercy Thompson", qu'il fallait bien prendre le temps de la mise en place avant que ça devienne réellement intéressant. Le problème ici c'est que j'ai refermé le livre en me disant que, même arrivée à la dernière phrase, la phase de présentation n'était pas terminée ...
Mais ce n'est pas le seul grief que j'ai contre ce roman malheureusement. Le principal "défaut" de ce roman, c'est son héroïne. On nous la présente forte, marquée par des cicatrices, volontaire, déterminée, pourtant, dès qu'elle se retrouve face à une créature surnaturelle menaçante (pas toujours, mais la plupart du temps ...), elle a peur, crie ... peu crédible pour la dur à cuire qu'elle est censée être. Bon après, ça la rend plus "humaine" aux yeux du lecteur c'est clair mais ça m'a gênée tout de même, je ne m'attendais pas à ça ! C'est surtout son ambivalence qui est agaçante. Par contre un point positif la concernant, c'est le mystère qui entoure sa nature. On sent qu'elle a des dons, des pouvoirs, qu'elle cache de peur qu'on ne découvre qui elle est vraiment. Du coup, ça attise la curiosité du lecteur qui veut résoudre cette énigme. C'est très ambigu, à certains moments j'ai bien aimé Anita, à d'autres, j'avais envie de la secouer pour qu'elle se réveille. J'ai toujours du mal à m'attacher à des personnages - et à leur histoire - qui ne convainquent pas totalement, surtout quand ils sont les narrateurs !
C'est dommage car le scénario du roman a beaucoup d'attraits sur le papier : Anita est engagée par ses pires ennemis (sous la contrainte), les vampires, pour découvrir qui est le tueur en série de vampires qui sévit dans leur ville. Elle va plonger dans les ténèbres, rencontrer des adorateurs de vampires, des hommes-rats et d'autres créatures pas très rassurantes. Plutôt flippant tout ça ! Une forte impression de dégoût et de malaise flotte au-dessus du lecteur tout au long du récit. On ne se sent pas bien, pas "à l'aise" quand on lit ce livre abordant des sujets et exposant des scènes sombres, dérangeantes, désagréables. Il n'y a pas de répit au milieu de toute cette lourdeur qui s'abat sur nous. Le mélange de tension, de danger, d'obscur et d'étalage du vice ne joue pas en faveur du roman à mon avis. Même si je reconnais que c'est très bien réalisé, on a l'impressionn de regarder le mal en face mais c'est trop "compact" pour que j'adhère. Il manque les bouffées d'air (humour et autres) propres à la bit-lit qui détendent l'atmosphère.
La seule petite étincelle qui m'a donné un sentiment de "légèreté", de relâchement dans la vie d'Anita (et encore !), c'est l'arrivée de Jean-Claude, le beau maître vampire qui dirige le club "Les plaisirs coupables". On sent dès le départ qu'il doit se passer quelque chose entre ces deux-là, il ne peut en être autrement, pourtant il apparaît peu dans le roman (mais il a une bonne raison pour ça !) et du coup, de ce côté-là aussi, je suis restée sur ma faim. On ne pourra certes pas reprocher à l'auteur d'entretenir le suspens, mais bon il y a quand même des limites. Trop de mystères tue le mystère. Quelques petites révélations, quelques indices sont tout de même dispersés de-ci de-là, histoire qu'on avance pas totalement à l'aveuglette auprès d'Anita mais ça n'a pas réussi à accrocher le Sherlock qui sommeille en moi. Moi qui suis pourtant curieuse de nature, je ne me suis pas sentie la volonté de vouloir chercher plus loin ...
Une dernière chose que je déplore, ce sont les personnages secondaires peu ou pas développés. Il y en a même certains pour lesquels j'ai été jusqu'à me demander quelle était leur utilité dans le texte. J'ai trouvé le récit totalement auto-centré sur Anita au détriment des autres personnages de l'intrigue. J'aime quand tout s'équilibre. Le seul personnage vraiment flippant de l'histoire, c'est la reine des vampires et encore, là aussi, il y a des incohérence (cf. scène de fin, trop facile à mon goût). C'est tout le paradoxe de ce bouquin qui m'a paru d'un côté très bien développé en termes d'intrigue, de personnage principal, de suspens, et de l'autre côté totalement à l'abandon, personnages secondaires qui disparaissent ou sont inutiles, etc ... Même l'écriture ne m'a pas paru inoubliable ...
Définitivement, je ne suis pas convaincue par cette lecture qui ne me donne pas envie de me plonger dans le tome 2 même si je suis curieuse de voir si Anita va se décider à sortir avec Jean-Claude. Je pense que je le lirai par principe parce que je n'aime pas m'arrêter au tome 1 d'une série avant de me faire un avis définitif mais ce ne sera pas parce que j'en ai envie. Tristoune tout ça. Ce classique bit-litien dont j'attendais beaucoup - trop peut-être ? - me laisse un goût amer mais il a quand même de bons côtés alors à vous de juger !
Nombre de pages : 384
Temps de lecture : 4h30
Prix : 7.10 euros